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[R3]> Du rififi entre clubs et ligue !

Publié le 13 août 2018 par

[R3]> Du rififi entre clubs et ligue !

OUEST-FRANCE | Mercredi 8 Août 2018

La divulgation des groupes des championnats régionaux en Pays de la Loire le 17 juillet a fait réagir plusieurs clubs amateurs de la région, qui n’arrivent plus à suivre la cadence imposée par la Ligue de football des Pays de la Loire.

La nouvelle composition des groupes régionaux annoncée le 17 juillet 2018 peut-elle désinciter les clubs amateurs à jouer en niveau Régional ? | ARCHIVES GUY FOUQUET

Le 17 juillet dernier, la Ligue de football des Pays de la Loire a dévoilé la composition des groupes des championnats régionaux (R1, R2 et R3). Une annonce qui a suscité de l’incompréhension et du mécontentement auprès de clubs de l’ancienne Ligue du Maine en particulier. En cause, des déplacements parfois doublés, du temps passé sur les routes et des coûts supplémentaires de plus en plus lourds pour les petits clubs notamment.

Cette nouvelle organisation est l’une des conséquences directe de la réforme territoriale de la Fédération française de football. La FFF a en effet décidé de fusionner plusieurs ligues pour ainsi créer 12 « super-ligues » (contre 22 auparavant), en prolongement de la réforme de la carte administrative de la France, réalisée en 2016, dans le cadre de la réforme des régions opérée sous le quinquennat de François Hollande.

Ainsi, la Ligue des Pays de la Loire a été créée et rassemble l’ancienne Ligue du Maine, qui comprenait la Mayenne et la Sarthe, et la Ligue Atlantique, qui comprenait la Loire-Atlantique, le Maine-et-Loire et la Vendée. On passe d’un championnat où les clubs se déplacent dans deux départements à un championnat comprenant cinq départements.

 

Des coûts supplémentaires, pas de geste financier

Rapidement, des clubs ou joueurs se sont exprimés pour dénoncer l’organisation de ce nouveau championnat. Les distances à parcourir sont par exemple jugées « démesurées » et les coûts engendrés « faramineux », par le président de l’Union Sportive Entrammaise Yoann Benoit.

Un club sarthois comme celui de Mansigné se retrouvera à parcourir près de 2800 km dans la saison à venir, contre 940 km effectués sur la saison 2017-2018, en Promotion d'Honneur. Ce qui demande de trouver davantage de fonds, dans un contexte ou la demande de sponsors est plus difficile : « Nous faisons trois soirées, un calendrier et une tombola depuis plusieurs saisons afin de trouver des recettes. À l’assemblée générale, le bureau a décidé de prévoir une autre soirée pour subvenir aux dépenses qui augmentent mais à ce rythme-là, les clubs ne tiendront pas longtemps ! », interpellait Didier Chalvet, secrétaire communication et trésorier du club de Mansigné, dans un mail adressé au président de la Ligue des Pays de la Loire, en juillet.

 

Non pas qu’il refuse de se déplacer dans les départements voisins, dont il loue « les bonnes équipes, et les bonnes installations », le problème réside plutôt dans le fait que l’entière compensation de ces changements est laissée à la charge des clubs, qui n’ont pas tous les ressources nécessaires.

À la question de savoir si la Ligue ou la FFF ont envisagé un accompagnement financier ou une autre aide, Gérard Loison, le président de la Ligue des Pays de la Loire, est plutôt clair : « C’est un paramètre qui n’a pas été pris en compte. Concrètement ces changements ont bien été réalisés, mais sans prise de mesure supplémentaire à ce niveau. » Ce dernier prône plutôt « une réflexion des clubs en fonction de leurs possibilités et une prise en compte du niveau dans lequel ils évoluent ».

 

Un désintérêt sportif ?

Outre une « cadence financière trop élevée », c’est aussi l’aspect humain et sportif qui pose problème. « Depuis la publication des groupes, certains joueurs (des pères de famille, des salariés travaillant le dimanche, des étudiants) ont déjà manifesté leur réticence à faire de tels trajets, » prévenait le bureau de l’US Entrammes dans un courrier adressé au président de la Ligue des Pays de la Loire. Sportivement, le risque serait alors « de se retrouver à jouer contre des équipes moins fortes, car des joueurs (de villes éloignées) n’auront pas voulu faire le déplacement pour jouer à l’extérieur », comme l’explique Didier Chalvet.

« La nouvelle ligue est en train de tuer le football amateur, avance Yoann Benoit, qui constate le peu d’aides financières apportées par la FFF ou la Ligue aux clubs. Ce n’est pas sur le terrain que le football va se jouer, c’est dans tous ses coûts. Avec tout ça on ne pourra pas survivre au niveau régional. »

 

Des alternatives étaient possibles

Suite à cette réforme territoriale instaurée par la Fédération française de football, les ligues ont dû gérer la réorganisation des nouveaux championnats régionaux (R1, R2, R3). La Ligue des Pays de la Loire présidée par Gérard Loison a décidé de créer trois championnats se disputant sur l’ensemble de son territoire : « Dans le cadre de la commission compétition, nous avons décidé dès le début de créer des compétitions qui se déroulent sur trois districts car sinon, le risque était de ne rien changer (c’est-à-dire de conserver des compétitions entre clubs des anciennes ligues). C’est le principe qui a été retenu. » Pour la Ligue, il serait absurde de réaliser un championnat régional sans aller dans l’ensemble du territoire.

Gérard Loison (à gauche, en compagnie de son président-délégué Didier Esor) parle d’une « vraie » compétition régionale pour justifier les choix de la Ligue. | ARCHIVES JEROME BOUCHACOURT
 

 Mais ce choix ne fait pas l’unanimité. Certes, comme le rappelle Gérard Loison, « La Ligue des Pays de la Loire possède l’un des territoires les plus petits », et d’autres clubs comme ceux de Nouvelle Aquitaine vont devoir gérer des déplacements plus longs et coûteux. Mais Yoann Benoit, président de l’US Entrammes, souligne un manque « d’échanges et de communication » de la part de la Ligue. Il souligne le fait que d’autres solutions ont été trouvées : « Regardez en Bretagne, c’est mûrement réfléchi. Les groupes R3 sont vraiment organisés par zones, par secteurs. On peut presque dire que c’est des derbys. »

En Ligue de Bretagne, en effet, les déplacements restent inter-secteurs pour la R3, et lorsque l’on s’intéresse aux groupes R2 et R1, ils sont réfléchis pour augmenter progressivement les déplacements, en fonction de la division. « Ce système, pour les clubs en R3, permet de faire marcher les buvettes et de limiter les déplacements », conclue Yoann Benoit. Si l’on doit reconnaître que les clubs savent que montée en niveau est synonyme de déplacements plus importants, en Pays de la Loire, « Chez nous, certaines équipes R3 se retrouvent à faire plus de km qu’en R1 ».

Contrairement à la Ligue des Pays de la Loire, la Ligue de Bretagne de football a fait le choix de groupes régionaux plus restreints pour ses championnats R3. | LIGUE DE BRETAGNE DE FOOTBALL

La comparaison des déplacements entre le niveau R3 et le niveau R1 est alors plus claire. | LIGUE DE BRETAGNE DE FOOTBALL

 

Les fusions interclubs, une solution ?

Les clubs font face à une augmentation de leurs déplacements ainsi que de leurs dépenses. Mais ces contraintes viennent s’ajouter à des consignes de professionnalisation des clubs amateurs, que certains n’arrivent plus à suivre. Des obligations en termes d’arbitrage, d’infrastructures, de diplômes d’encadrement, du nombre de jeunes dans les équipes du club, qui, si elles ne sont pas respectées, donnent lieu à des sanctions sportives ou financières.

« Le but de cette nouvelle Ligue semble être un tri des petits clubs, indique Didier Chalvet. Certains vont devoir redescendre en district car la cadence financière devient trop élevée. »Ces contraintes vont-elles inciter les « petits clubs » à fusionner pour joindre les deux bouts ? L’idée d’un regroupement de certains clubs ruraux semble parfois être un moyen envisageable pour continuer à ce niveau de compétition. Sans pour autant toujours être la bonne solution.

« Personnellement, je n’y suis pas vraiment favorable, argumente Gérard Loison. J’ai en tête beaucoup d’exemples récents de fusions qui n’ont pas eu de résultats concluants. Ce qui compte, c’est l’éducation, le travail et l’encadrement. Si on ne retrouve pas ça, alors ça ne va rien changer, et ça peut aboutir à des descentes de clubs. Une fusion doit être réfléchie, mûrie et évaluée. Il faut qu’il y ait une volonté commune. »

Le président du club d’Entrammes, Yoann Benoit, s’interroge pour sa part sur cette possibilité pour ses équipes seniors. « À Entrammes, on a une entente avec Forcé et Parné pour les jeunes de 11 à 18 ans. Après, on n’y a pas encore pensé pour les seniors, puisque nous avons 200 licenciés. Demain, est ce qu’il vaut mieux avoir une entente en Ligue, ou un club de village familial pour jouer en district ? »

Malgré les sollicitations de plusieurs clubs, le président de la Ligue des Pays de la Loire ne s’est pas encore exprimé publiquement à ce sujet. Avec une reprise des championnats prévue les 8 et 9 septembre, les clubs savent qu’un retour en arrière est compliqué. Mais cela n’empêche pas certains représentants de clubs de continuer à se poser des questions, notamment sur l’utilisation qui sera faite par la Fédération française de football de l’argent reversé par la FIFA après la victoire des Bleus. Noël Le Graët affirmait sur RMC que « tout l’argent gagné par la FFF va au football amateur ». Les clubs, quant à eux, n’ont aucunes informations à ce sujet, et continuent d’attendre, eux qui ne reçoivent aucune subvention directe de la part de la FFF, ou des Ligues…

 

Article original :

https://www.ouest-france.fr/sport/football/regional-la-fusion-des-ligues-la-fin-du-football-amateur-5914948

 

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